« Un homme ne peut monter deux chevaux ni bander deux arcs.
Un serviteur ne peut servir deux maîtres : car il honorera l’un, et offensera l’autre.
Aucun homme ne boit du vin vieux pour aussitôt désirer boire du vin nouveau.
Et on ne verse pas du vin nouveau dans de vieilles outres, de peur qu’elles n’éclatent (1).
On ne verse pas du vin vieux dans une outre neuve, de peur qu’il ne se gâte.
On ne coud pas une vieille pièce sur un vêtement neuf, car il se déchirerait. »
(1) éclatent, se rompent ou se déchirent
Concordances :
« Nul ne peut s'asservir à deux seigneurs ; en effet, ou il haïra l'un et il aimera l'autre, ou il s'attachera à un seul et méprisera l'autre. Vous ne pouvez vous asservir à Dieu et à Mamon. » (Matthieu 6.24)
« Aucun domestique ne peut servir deux maîtres. Ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. » (Luc 16.13)
« Personne n'applique un morceau de tissu neuf sur un vieux vêtement ; car la pièce ajoutée au vêtement s'arrache et la déchirure devient pire. De même, on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; car à coup sûr les outres se déchirent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et les deux se conservent. » (Matthieu 9.16-17)
« Personne ne coud une pièce de tissu neuf sur un vieux vêtement. Car la pièce ajoutée arrache le neuf au vieux et la déchirure devient pire. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres. Car le vin déchirera les outres. Le vin et les outres seront perdus. Donc au vin nouveau il faut des outres neuves. » (Marc 2.21-22)
« Personne ne déchire d’un vêtement neuf un morceau d'étoffe pour le mettre sur un vieux vêtement. Car ainsi, on aura déchiré le neuf, et la pièce tirée du neuf ne sera pas assortie au vieux. De même, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres. Car, de ce fait, le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues. Ainsi, il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves. Car personne, après avoir bu du vin vieux, ne désire du nouveau. On dit en effet : "Le vieux est meilleur !" » (Luc 5.36-39)
Continuité des logia :
Plusieurs logia ont énoncé de brèves maximes afin de définir le bon choix que les disciples doivent opérer.
Nous en trouvons six nouvelles dans ce logion 47 dont une qui ne figure pas dans les Evangiles canoniques.
Le cavalier
La première maxime est propre à l'Evangile selon Thomas qui nous dit :
« Un homme ne peut monter deux chevaux ni bander deux arcs. »
Cette parole semble relever du bon sens commun mais Jésus ne se contentait pas de proférer ce genre de propos sans que cela ait un double sens.
Si, pratiquement, il est effectivement déconseillé de monter deux chevaux et difficile de bander deux arcs, il faut songer au risque de chute.
Car on ne s'engage pas sur deux montures à la fois, on ne suit pas deux voies distinctes en même temps.
Et la parole suivante va préciser pourquoi...
Le serviteur
L'exemple du serviteur qui doit choisir son maître est beaucoup plus compréhensible si l'on se réfère aux Evangiles canoniques qui concluent ainsi cette sentence :
« Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. » (Matthieu 6.24 - Luc 16.13)
« Mamon » signifie la richesse en araméen.
Servir Mamon revient donc à cultiver l'amour de l'argent qui est une idolâtrie.
Ainsi Mamon est une figure de Satan devant laquelle les humains se prosternent depuis des millénaires.
C'est pourquoi Paul affirme en 1 Timothée 6.10 que « l’amour de l’argent est la racine de tous les maux. »
Le vin
Lorsque Jésus nous enseigne que le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves, Il veut illustrer le fait qu'on ne peut mélanger l'ancien et le nouveau.
Jésus s'efforce de faire comprendre à Ses interlocuteurs que les temps anciens, ceux des pratiques rituelles dépourvues de foi, sont révolus.
A l'Ancient Testament va succéder le Nouveau Testament qui ne s'appuiera non plus sur la loi mais sur la foi.
Or la foi préconisée par Jésus doit faire éclater la vieille outre des traditions religieuses.
Mais Jésus sait que beaucoup ne parviendront pas à s'en détacher et diront :
« Le vieux est meilleur ! » (Luc 5.39)
Le vêtement
L'image de la pièce d'étoffe qui n'est manifestement pas compatible avec le vêtement vient conforter cette réflexion sur le vieux et le neuf. Ce qui est incompatible restera incompatible.
Aussi faut-il accepter cet état de fait et ne pas s'engager sur des voies sans issue.
1. Choisir Dieu.
Entre Dieu et Son adversaire, illustré par la personnification de Mamon, il n'y a pas d'autre voie qui mène au salut que celle du Seigneur.
2. Le syncrétisme religieux.
Il est parfois avancé que l'on devrait rapprocher les croyances pour développer un système unitaire.
Cette voie du milieu risque fort de mélanger ce qui est incompatible.
Que chaque croyance ait le droit d'exister est nécessaire car cela peut contribuer à la recherche spirituelle dans le respect mutuel.
Mais ne tombons pas dans l'illusion d'une fusion des contraires.
L'œuvre de Dieu n'a rien à voir avec les œuvres du diable.
« Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? » (2 Corinthiens 6.15)