« Que la chair soit venue à cause de l'esprit est une merveille.
Que l'esprit soit venu à cause du corps est merveille des merveilles.
Et moi je m'émerveille (1) que cette grande richesse habite cette pauvreté. »
(1) je m'émerveille ou je m'étonne
Continuité des logia :
Le thème de l'Incarnation a été évoqué dans le logion 28 qui précède celui-ci en concordance avec cet enseignement qui figure dans l'Evangile selon Jean :
« La Parole est devenue chair, et Elle a habité parmi nous. Nous avons contemplé Sa gloire, une gloire comme celle d'un Fils unique auprès du Père, pleine de grâce et de vérité. » (Jean 1.14)
La merveille de la Création
Le fait « que la chair soit venue à cause de l'esprit » repose sur cette conviction : « Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu, et Dieu était la Parole. » (Jean 1.1)
La préexistence de l'Esprit qui va se manifester par Sa Parole créatrice est le fondement de la foi.
Cette conception de l'univers va à l'encontre de celle des matérialistes qui considèrent la préexistence de la matière sur les productions de l'esprit.
Que l'on puisse admirer les merveilles de l'univers du point de vue matérialiste est concevable.
Mais cela limite le champ de l'émerveillement à un système régi par le hasard et la nécessité, comme le croient les athées.
L'approche déiste va bien au-delà car elle donne à la Création une toute autre dimension du fait de l'éternité préexistante à cette Création.
Et l'émerveillement que nous pouvons ainsi ressentir au contact de cet infini antérieur à toute chair se prolonge dans la vie éternelle qui s'annonce après toute chair par la puissance de l'Esprit qui ressuscite les corps.
La merveille des merveilles
La Création est merveilleuse car elle est le fruit de la puissance de l'Esprit.
Mais la « merveille des merveilles » s'est révélée quand l'Esprit est devenu corps pour sauver nos corps... comme nos âmes :
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3.16)
Une source intarissable d'émerveillement
Que Jésus soit aussi émerveillé peut sembler surprenant.
Son ascendance divine n'en fait pas pour autant un être dépourvu de sensibilité.
L'émerveillement est un sentiment d'admiration mêlée de surprise.
Face à la foi d'un centenier romain, Jésus s'est étonné :
« A vrai dire, je n'ai trouvé une aussi grande foi nulle part en Israël. » (Matthieu 8.10)
Selon Luc, cet étonnement mérite le qualificatif d'admiration :
« Quand Il entendit cela, Jésus fut admiratif. Il se retourna vers la foule qui Le suivait pour dire :
Je peux vous dire que n'ai jamais trouvé, en Israël, une telle foi. »
(Luc 7.9)
Le Fils de Dieu est admiratif, émerveillé « que cette grande richesse habite cette pauvreté. »
Cette grande richesse, c'est l'Esprit qui s'est exprimé par la foi du centenier, quant à la pauvreté, c'est notre chair.
La foi est un fruit de l'Esprit, elle s'écoule d'une source intarissable d'émerveillement...
« Il me montra le fleuve d'eau de la vie, clair comme du cristal, qui sort du trône de Dieu et de l'Agneau.
Au milieu de la place de la cité, et de chaque côté du fleuve, un arbre de vie fructifie douze fois par an, chaque mois il donne son fruit et son feuillage sert à la guérison des nations. »