Evangile selon Thomas

Prêter et donner

Evangile selon Thomas

Logion 95 :

Jésus a dit :

« Si vous avez (1) de l’argent, ne prêtez pas à intérêt (2),

mais donnez à celui qui ne vous le rendra pas. (3) »

(1) avez ou possédez

(2) intérêt ou usure

(3) rendra pas ou recevrez pas


Concordances :

« Donne à qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter auprès de toi. »

(Matthieu 5.42)

« Donne à quiconque te demande et à celui qui prend tes affaires, ne les redemande pas. »

(Luc 6.30)


Continuité des logia :

Au logion 41, Jésus nous parlait du don en considérant ce que nous pouvons recevoir :

« Celui qui a dans sa main, il lui sera donné, et celui qui n’a pas, même le peu qu’il a lui sera enlevé. »

La question de savoir ce que nous avons fait de ce que nous avions en main est abordée sous un autre angle avec ce logion 95.


Le prêt dans la Bible

L'Ancien Testament nous dit à propos du prêt :

« Si tu prêtes de l'argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne seras point à son égard comme un créancier, tu n'exigeras de lui point d'intérêt. » (Exode 22.25)

Il semble que ce verset vise le prêt accordé au pauvre, mais un autre verset va plus loin :

« Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pour rien de ce qui se prête à intérêt. » (Deutéronome 23.19)

La notion de « frère » correspond à « mon peuple », c'est-à-dire Israël.

Le prêt avec intérêt est donc réservé aux autres nations.

Lorsque Jésus dit, selon Matthieu, « ne te détourne pas de celui qui veut emprunter auprès de toi », la question de l'intérêt n'est pas précisée.

Il faut donc lire Thomas pour retrouver le prêt sans intérêt.


Le prêt sans remboursement

L'Evangile selon Thomas va plus loin : « donnez à celui qui ne vous le rendra pas ».

Vous pouvez prêter, sans intérêt, et à plus forte raison sans usure, mais c'est encore mieux si votre prêt devient un don.

Et ceci en sachant à l'avance que celui à qui vous prêtez ne vous le rendra pas.

Le prêt sans espoir de remboursement est donc un acte délibéré qui, en fin de compte, allège votre conscience d'un tourment inutile mais engage celle de celui auquel on prête.

Sera-t-il soucieux de vous rembourser, ou dépourvu de ce genre de considérations ?

Il nous semble que Luc va encore plus loin :

« A celui qui prend tes affaires, ne les redemande pas. »

Avons-nous prêté nos affaires ou celui-ci s'est-il servi sans vous demander l'autorisation ?

Sans pour autant légaliser le vol, Jésus nous invite à ne pas nous disperser dans des contentieux inutiles.

Là encore, c'est à celui qui vous a peut-être volé qu'il appartient d'acquérir une conscience morale.

Il ne faut donc rien faire ?

Bien sûr que si : priez afin que le Seigneur éclaire ces âmes égarées !

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