L’Evangile selon Thomas est un recueil de paroles attribuées à Jésus.
L’Evangile selon Thomas contient 114 "logia" dont certains pourraient être antérieurs aux quatre Evangiles canoniques considérés d’ordinaires comme les plus anciens.
Il a par la suite été déclaré apocryphe par la Grande Église et a connu le sort des textes jugés non conformes aux thèses officielles.
La Grande Église désigne le courant du christianisme qui constitue progressivement le courant majoritaire lors de la structuration du christianisme qui s'amorce au début du IIIe siècle.
Ce courant s'impose avec le symbole de Nicée, en 325, et se qualifie d'orthodoxe. Il va dès lors qualifier d'hérésies toutes les doctrines concurrentes.
Son héritage est revendiqué par les principales confessions chrétiennes actuelles.
"Apókruphos" signifie caché ou secret en grec.
Mais apocryphe a pris le sens d'un texte dont l'authenticité est douteuse ou niée.
C'est ainsi que la Grande Église, en écartant les apocryphes lors de la constitution du canon biblique au IVe siècle de l'ère chrétienne, a poussé à la destruction de nombreux textes considérés comme hérétiques.
Il est certain que, de fait, ces textes sont devenus cachés, ou secrets, puisque leur existence, comme leur reproduction, étaient vouées à l'extinction.
L'Evangile selon Thomas diffère profondément des autres apocryphes.
Contrairement à la plupart des apocryphes rejetés pour l'absence de message spirituel dans leurs anecdotes, l'Evangile selon Thomas ne contient guère d'anecdotes ni de récits et consiste presque exclusivement en messages spirituels.
Mais la complexité de ces messages, et leur inspiration parfois hermétique et qualifiée de gnostique, a contribué au rejet de ces textes.
Ceci conduit à s'interroger sur la personnalité de Thomas :
Ce livre a rencontré en effet quelques difficultés à intégrer le canon biblique.
En Asie Mineure, vers la fin du IIe siècle, l'Apocalypse tout comme l'Evangile selon Jean sont rejetés, et au milieu du IIIe siècle, Denys d'Alexandrie conteste son authenticité johannique pour des raisons de style sans toutefois rejeter le texte, même s'il lui semble incompréhensible.
A la fin du IVe siècle, Athanase d'Alexandrie le reconnaît dans sa liste de 27 livres composant le Nouveau Testament.
Les synodes de Carthage de 397 et de 419 fixent à 27 le nombre des livres reçus de l'Esprit, retenant l’Apocalypse qui avait précédemment été exclue au concile de Laodicée en 363.
Ceci peut conduire à s'interroger sur le bien-fondé du choix des livres canoniques... par des humains !
L'incompréhension incite au rejet... c'est très humain !
L’Evangile selon Thomas, dont le caractère mystique est évident, n’a pas eu la chance de l’Apocalypse qui a finalement été sauvé de l'autodafé.
Les siècles se sont écoulés puis, en décembre 1945, des bergers découvrent fortuitement une jarre, enfouie dans le sol...