« Ils ressemblent à des petits enfants installés dans un champ qui n’est pas à eux (1).
Quand viendront les maîtres du champ, ils leur diront :
"Rendez-nous (2) notre champ !" ,
Eux se dénudent devant eux pour leur rendre, et ils leur donnent leur champ.
C’est pourquoi je vous dis :
Si le maître de maison sait que le voleur va venir,
il veillera avant qu’il ne vienne et ne le laissera pas percer la maison de son royaume et partir avec ses biens.
Vous donc, soyez vigilants face au monde, ceignez vos reins (3) avec grande force, de peur que les voleurs ne trouvent le chemin pour venir à vous.
En effet, le profit que vous espérez, ils le trouveront.
Puisse-t-il y avoir parmi vous un homme averti !
Quand le fruit est mûr, il vient sans tarder avec sa faucille et il le cueille.
Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. »
(1) qui n’est pas à eux ou qui ne leur appartient pas
(2) rendez-nous ou laissez-nous
(3) ceignez vos reins ou rassemblez vos énergies
Concordances :
« Vous pensez bien que, si le maître de la maison savait à quelle heure de la nuit le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.
C’est pourquoi, vous aussi, soyez prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas. »
(Matthieu 24.43-44)
« Comme vous savez, si le maître de maison avait su à quelle heure viendrait le voleur, il n'aurait pas laissé forcer sa maison.
Aussi, vous, soyez prêts, car le Fils de l'homme va venir à l'heure à laquelle vous ne pensez pas. »
(Luc 12.39-40)
« Quand le fruit est mûr, on passe la faucille, car la moisson est prête. » (Marc 4.29)
Un logion complexe :
Ce logion est complexe car il relie plusieurs enseignements, d'où sa longueur.
Cette fois, ce ne sont pas les disciples mais Myriam qui interroge Jésus.
Il s'agit probablement de Marie de Magdala qui a suivi Jésus jusqu'à la résurrection du Christ.
Les réponses de Jésus à la question de Myriam s'enchaînent et résument en quelques lignes l'aventure de l'Evangile.
Elle se décompose ici en quatre étapes.
1. Des petits enfants
Dans l'Evangile selon Thomas, Jésus nous dit que Ses disciples ressemblent à des petits enfants, ce qui est conforme à Ses enseignements traditionnels :
« Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. » (Matthieu 19.14 - Marc 10.14 - Luc 18.16)
En toute innocence, les enfants se sont « installés dans un champ qui n’est pas à eux ».
Quand les maîtres du champ arrivent, ils chassent les enfants.
Dans cette parabole, les enfants sont les disciples du Christ, le champ est la terre d'Israël, les maîtres ce sont les Juifs religieux.
Les disciples ne résistent pas, ils n'en ont pas la force, comme des enfants.
Chassés, persécutés, martyrisés, les disciples « se dénudent », se laissent dépouiller des biens de ce monde :
« Car si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair.
En effet, les armes de notre combat n'ont pas d'origine charnelle. Elles tiennent leur puissance de Dieu pour détruire des forteresses et renverser les raisonnements prétentieux. »
(2 Corinthiens 10.3-4)
Cette première étape résume l'histoire des premiers temps de l'Eglise.
2. Le Maître veille
Les maîtres du champ ont repris possession de ce qui semblait leur appartenir.
Mais le Maître de maison sait que ce sont en fait des voleurs.
Car cette terre ne leur appartient pas, même s'ils ont pu en recevoir la gestion temporaire !
« A toi, Eternel, la grandeur, la force et la magnificence, l'éternité et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t'appartient ; à toi, Eternel, le règne, car tu t'élèves souverainement au-dessus de tout ! » (1 Chroniques 29.11)
C'est pourquoi : « Si le maître de maison sait que le voleur va venir, il veillera avant qu’il ne vienne et ne le laissera pas percer la maison de son royaume et partir avec ses biens. »
Cependant, il y a un temps pour chaque chose. Ecoutons Jésus quand Il dit :
« Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu afin que je ne sois pas livré aux Juifs. Pour l'instant, mon royaume n’est pas ici. » (Jean 18.36)
Quand Jésus comparaît devant Pilate, Il dit : « Pour l'instant, mon royaume n’est pas ici. »
Car il faudra attendre Son retour afin que Son Royaume s'installe sur terre.
En attendant, le Maître veille...
3. Nous aussi : veillons !
En attendant, les disciples sont restés, confrontés à l'adversité.
Jésus les a mis en garde :
« Soyez vigilants face au monde, ceignez vos reins », rassemblez vos énergies car les voleurs sont nombreux et ils auront gain de cause.
« En effet, le profit que vous espérez, ils le trouveront. »
Depuis deux mille ans de nombreux usurpateurs et autres faux prophètes se sont levés pour ravir l'espérance que Jésus avait semée sur ce monde.
Mais ceci n'a qu'un temps...
4. Un homme averti
Avec cette dernière étape se profile le retour du Maître, l'homme averti par excellence.
Et les disciples prient depuis deux mille ans pour Son retour : « Que ton règne vienne ! » (Matthieu 6.10 - Luc 11.2)
Puisse-t-il y avoir parmi nous un homme averti : le Fils de l'Homme !
Car en Sa présence, Marc 4.29 nous dit : « Quand le fruit est mûr, on passe la faucille, car la moisson est prête. »
Une parole prophétique qui se recoupe avec celle que Thomas nous restitue :
« Quand le fruit est mûr, il vient sans tarder avec sa faucille et il le cueille. »
