... mais ce frère, si nous l'aimons, comment pourrions-nous le juger ?
L'hypocrisie
La concordance entre ce logion et les Evangiles selon Matthieu et Luc est évidente.
Cependant l'Evangile selon Thomas est plus synthétique quand il évoque cet enseignement de Jésus.
Matthieu et Luc, pour relater cette parabole, utilisent un terme que l'on trouve souvent dans les textes canoniques quand Jésus s'adresse aux « hypocrites ».
Il est employé une quinzaine de fois au pluriel pour dénoncer les comportements des scribes, Pharisiens et autres donneurs de leçons mais ici Jésus l'utilise au singulier car Il s'adresse au disciple.
Il ne s'agit pas d'un disciple en particulier mais de tout disciple qui est censé aimer son frère... et non le juger !
L'Evangile selon Thomas n'utilise pas le terme « hypocrite ».
L'hypocrisie est implicite chez celui qui omet volontairement de s'évaluer avant de juger les autres.
Mais cela peut aussi résulter d'un aveuglement, d'un acte involontaire.
L'aveuglement
Traiter un disciple du Christ comme un « hypocrite » pose problème car cela revient à l'assimiler aux « hypocrites » qui pullulent en ce monde.
Le regard de Jésus envers Ses disciples est parfois critique mais reste bienveillant.
Thomas a peut-être écarté l'hypocrisie potentielle des disciples de Jésus, dont il faisait partie, pour ne retenir qu'une forme d'aveuglement.
L'aveuglement envers soi-même est fréquent et nous pouvons être tentés de juger les autres en oubliant nos propres péchés.
Cette tentation vient de Satan, mot hébreu qui signifie "accusateur" ou "calomniateur".
C'est lui qui nous inspire quand nous jugeons à tort nos frères en nous aveuglant.
C'est aussi lui qui nous accuse devant Dieu après nous avoir poussés au péché.
Lui qui sera jugé comme il se doit, « car l'accusateur de nos frères a été jeté, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu. » (Apocalypse 12.10)
Sur le banc des accusés
Traitez-vous quelqu'un comme un « hypocrite »... alors imaginez ce que vous pourriez ressentir à sa place ?
Ce qu'il a fait est mineur, à l'image d'une « paille », ce que vous avez fait est majeur, comme une « poutre ».
Ressentez donc l'injustice de celui qui se voit accusé d'un acte dérisoire par un ou des accusateurs qui ont commis de multiples péchés.
Songez à cette parole de Jésus envers ceux qui accusaient une femme prise en flagrant délit d'adultère :
« Que celui d'entre vous, qui est dépourvu de péché, soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jean 8.7)
Sommes-nous prêts à jeter la première pierre... ou à la recevoir ?
Sommes-nous prêts à nous défendre face à nos accusateurs, à les accuser à leur tour pour nous justifier, où allons-nous écouter ce que le Seigneur nous souffle ?
« Quand ils vous emmèneront pour vous livrer, ne vous inquiétez pas d’avance de ce que vous direz. Mais dites ce qui vous sera donné à cette heure là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint. » (Marc 13.11)