« Celui qui ne renoncera pas (1) à son père ou à sa mère ne pourra être (2) mon disciple.
Celui qui ne renoncera pas à ses frères et sœurs, et ne portera pas sa croix comme je la porte, ne sera pas digne de moi. »
(1) ne renoncera ou ne haïra
(2) être ou devenir
Concordances :
« Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Et qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi, n’est pas digne de moi. » (Matthieu 10.37-38)
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, son épouse, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix pour venir à ma suite, ne peut être mon disciple. » (Luc 14.26-27)
Continuité des logia :
Cette parole de Jésus peut être placée dans le prolongement du logion 16 où Jésus disait :
« Les hommes pensent peut-être que je suis venu jeter la paix sur le monde. Mais ils ne savent pas que je suis venu jeter des divisions sur terre : le feu, l'épée, la guerre. Car dans une maison de cinq, trois seront contre deux et deux contre trois. Le père contre le fils, le fils contre le père, et ils se tiendront seuls. »
Ces divisions peuvent donc conduire à l'éclatement de la cellule familiale.
Dans ces conditions, que doit faire le disciple ?
Renoncer ou haïr ?
Matthieu et Luc nous invitent à montrer envers Jésus un attachement supérieur à ce que le disciple peut manifester pour sa famille.
Selon Thomas, Jésus est bien plus exigeant car le disciple doit renoncer à ses parents, voire les haïr.
Un tel enseignement semble loin de l'amour du prochain préconisé par Jésus.
On peut cependant s'interroger sur certaines circonstances qui pourraient pousser à un tel comportement envers ses parents.
Ainsi, devenir disciple de Jésus peut pousser vos proches à vous rejeter, et même vous dénoncer.
Faut-il répondre à la haine par la haine ?
Non, mais éventuellement par le renoncement si votre famille vous rejette.
Porter sa croix
Le fait de devoir renoncer à sa famille parce qu'elle refuse votre conversion sera déjà une source de déchirure, une façon de porter sa croix.
Mais cela peut aller plus loin, parfois jusqu'au martyre. Songeons à l'affaire Calas...
Jésus est mort sur la croix.
Son sacrifice est suffisant et n'implique pas que le disciple en fasse autant.
Il doit cependant s'attendre à traverser des épreuves, qui peuvent se révéler dures à supporter...
« Vous serez affligés dans ce monde, mais soyez sans crainte, j'ai vaincu le monde ! » (Jean 16.33)
Jésus est vainqueur, et Il invite Ses disciples à le devenir par la persévérance, l'attachement et la confiance envers Lui :
« La tentation ne s'est pas vraiment emparée de vous, seulement celle à la mesure de l'homme. Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Avec la tentation, Il vous donnera aussi le moyen d'en sortir et de pouvoir la supporter. » (1 Corinthiens 10.13)
A chacun sa croix, semble dire Jésus au disciple qui s'engage.
Mais cette croix est déjà derrière car, au loin, l'espérance illumine le ciel...