« Pourquoi lavez-vous l’extérieur (1) de la coupe ?
Ne comprenez-vous pas que celui qui a fait l’intérieur (2) est aussi celui qui a fait l’extérieur ? (1) »
(1) l'extérieur ou le dehors
(2) l'intérieur ou le dedans
Concordances :
« Malheureux êtes vous, scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l'extérieur de la coupe et de l'écuelle mais l'intérieur est plein de rapine et d'intempérance.
Pharisien aveugle, purifie d'abord l'intérieur de la coupe afin que l'extérieur devienne aussi pur ! »
(Matthieu 23.25-26)
« En fait vous, les Pharisiens, vous purifiez l'extérieur de la coupe et du plat, mais à l'intérieur vous êtes remplis de rapacité et de méchanceté.
Insensés ! Celui qui a fait l'extérieur n'a-t-il pas fait l'intérieur ? »
(Luc 11.39-40)
Continuité des logia :
Le rapport entre l'extérieur et l'intérieur a été précédemment évoqué à propos du Royaume des cieux.
- Au logion 3 il est écrit : « Car le Royaume est à l’intérieur de vous et il est à l’extérieur de vous. »
- Au logion 22 nous pouvons lire aussi : « Quand vous ferez de deux l'unique, que vous ferez l’intérieur comme l’extérieur, et l’extérieur comme l’intérieur, (...) alors vous entrerez dans le Royaume. »
Nous trouvons ici, dans ce logion 89, une application pratique de ce raisonnement de Jésus au sujet de la tradition.
Les limites de la tradition
Nous avions souligné dès le logion 2 l'importance de l'approche holistique dans l'Evangile selon Thomas.
Le fait de vouloir prendre en considération aussi bien l'intérieur que l'extérieur d'un objet relève de cette approche qui consiste à globaliser les phénomènes au lieu de les isoler.
Pour le Créateur, ou le potier, l'intérieur comme l'extérieur de la coupe forment une unité.
La tradition qui n'a retenu que la nécessité de nettoyer l'extérieur d'un objet démontre ainsi ses propres limites.
Le propre des traditions est en effet d'avoir une vision partielle et d'empêcher l'accès à une connaissance globale.
Celle-ci permet d'entrer dans le Royaume, car celui qui a cette approche dispose des « clés de la connaissance ».
La convergence de Luc et Thomas
Thomas insiste sur la nécessité de considérer l'intérieur et l'extérieur comme un ensemble.
De même, Luc l'évoque au verset 11.40, mais cela ne semble pas cadrer avec la question traitée au verset précédent 11.39.
Matthieu s'en tient à cette question sans aborder le rapport unitaire entre l'intérieur et l'extérieur de l'objet.
Il semble donc que Thomas et Luc aient une source commune.
Rappelons que Luc, à la différence de Matthieu et Thomas, ne figure pas parmi les apôtres.
Il précise au début de son Evangile que ce qu'il relate est le fruit d'une enquête.
A t-il reçu le même témoignage que Thomas ?
Ou n'est-ce pas tout simplement Thomas qui lui a relaté ce propos de Jésus ?
La métaphore
Dans l'Evangile selon Matthieu, Jésus se soucie peu de cette coupe qui sert en fait de support pour une métaphore.
L'extérieur qui est physiquement nettoyé représente les apparences extérieures des individus, notamment leurs actions visibles et l'image qu'ils projettent au regard du respect de la tradition.
L'intérieur qui reste sale et impur représente la réalité interne des individus, leurs pensées, leurs intentions car ils sont remplis « de rapacité et de méchanceté ».
Jésus leur dit de purifier « d'abord l'intérieur de la coupe », ce qui signifie qu'il faut commencer par une purification intérieure, par l'intégrité morale, avant de se concentrer sur les apparences extérieures.
La tradition reflète les apparences, et non une véritable foi !
