Evangile selon Thomas

L'unique

Evangile selon Thomas

Logion 107 :

Jésus a dit :

« Le Royaume est semblable (1) à un berger qui avait cent brebis.

L’une d’elles se perdit, c'était la plus grande. (2)

Il laissa les quatre-vingt-dix-neuf, et chercha l'unique, (3)

jusqu’à ce qu’il l’a trouve. Après qu’il eut peiné, il dit à la brebis :

Je t’aime plus que les quatre-vingt-dix-neuf. »

(1) semblable ou comparable

(2) grande ou grosse

(3) l'unique ou la seule


Concordances :

« A votre avis, si un homme a cent brebis et que l'une d'entre elles s'égare, ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans les montagnes pour aller chercher celle qui est égarée ?
Et s'il parvient à la retrouver, ma foi, je vous le dis, il se réjouit plus pour elle que pour les quatre-vingt-dix-neuf non égarées. Ainsi, la volonté de votre Père céleste est-elle de ne perdre aucun de ces petits. »
(Matthieu 18.12-14)

« Quel homme parmi vous ayant cent brebis, et ayant perdu l'une d'entre elles, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée ? Et, quand il l'a trouvée, il se réjouit et la porte sur ses épaules.
De retour à la maison, il invite les amis et les voisins en leur disant : "Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue."
C'est ainsi, je vous le dis, qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion. »

(Luc 15.4-7)


Continuité des logia :

Voici un nouvel enseignement de Jésus sur le Royaume. Rappelons les précédents :

=> « Il est semblable à une graine de moutarde... » (logion 20)

=> « Le Royaume du Père est semblable à un homme qui avait une bonne semence. » (logion 57)

=> « Le Royaume du Père est semblable à un marchand qui avait un ballot quand il trouva une perle. » (logion 76)

=> « Le Royaume du Père est semblable à une femme qui a pris un peu de levain... » (logion 96)

=> « Le Royaume du Père est semblable à une femme qui portait une cruche remplie de farine... » (logion 97)

=> « Le Royaume du Père est semblable à un homme qui voulait tuer un personnage important. » (logion 98)

Nous retiendrons de ces enseignements que le Royaume se compare à une semence, que celle-ci est bonne, qu'elle est unique comme une perle car le Royaume est un trésor.

Le Royaume est appelé à s'étendre sous l'effet d'un levain et à se répandre comme de la farine derrière nous.

Mais devant nous se dresse l'adversaire, le diable, ce personnage important que Jésus va anéantir (logion 98).

Et maintenant, avec ce logion 107, Jésus compare le Royaume à un berger.


Qui est le berger ?

Si l'on se réfère au texte canonique de Matthieu 18.12-14, le berger représente Jésus qui n'entend pas perdre un seul de Ses disciples.

Aussi, quand l'un d'entre eux s'égare, le Seigneur s'efforce de le ramener vers le troupeau, dans la foi. Matthieu conclut ainsi :

« Ainsi, la volonté de votre Père céleste est-elle de ne perdre aucun de ces petits. » (Matthieu 18.14)

La conclusion de Luc est différente. Il ne s'agit plus d'un disciple qui se serait égaré mais d'un pécheur qui se convertit :

« C'est ainsi, je vous le dis, qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion. »
(Luc 15.7)

Qui sont ces justes qui n'auraient pas besoin de conversion ?

S'ils sont justifiés, c'est qu'ils ont connu la conversion et suscité, en leur temps, la joie dans les cieux.

Mais la foi ne les met pas à l'abri du péché et du repentir qui est toujours nécessaire, même pour un converti.

Ainsi, le témoignage collecté par Luc révèle une compréhension différente de celle de Matthieu.

Et cet enseignement de Jésus est autrement restitué dans l'Evangile selon Thomas car ce berger ne représente plus Jésus mais un homme qui a trouvé l'unique !


Qui est l'unique ?

Dans les textes canoniques cités ci-dessus, Matthieu et Luc n'évoquent pas le Royaume.

Thomas, par contre, rattache cet enseignement de Jésus à une évocation du Royaume en considérant que cette brebis, la plus grande, l'unique, qui s'est égarée, se révèle être ensuite celle que le berger va préférer.

Mais est-ce la brebis qui s'est égarée ou le berger ?

Car si la brebis symbolise l'Agneau de Dieu, au milieu d'une centaine de brebis, on peut en déduire que les autres brebis représentent la multitude d'idéologies et de croyances qui foisonnent en ce monde et dans lesquelles nous pouvons nous égarer.

Parmi elles, une seule mérite que l'on s'attarde, que l'on peine à la chercher : l'Unique !

L'Unique, c'est la Parole de Dieu, celle qui ouvre les portes de la connaissance et du Royaume.

Et quand on l'a trouvée, quand on l'a comprise, elle devient celle qu'on « aime plus que les quatre-vingt-dix-neuf ».

Car la brebis Unique, l'Agneau de Dieu, c'est la perle Unique.

Faisons comme ce marchand :

« Il vendit le ballot, il s’acheta la perle unique ! »

(logion 76)

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La perle et le trésor