« Un homme avait des hôtes. Quand il eut préparé le repas (1), il envoya son serviteur inviter les hôtes.
Celui-ci alla chez le premier, il lui dit : "Mon maître t’invite."
L'autre dit : "Des marchands me doivent de l’argent, ils viennent chez moi ce soir, j’irai leur donner mes ordres. Je m’excuse pour le dîner."
Il alla chez un autre, il lui dit : "Mon maître t’a invité."
L'autre lui dit : "J’ai acheté une maison, et on me demande un jour. Je ne serai pas disponible."
Il alla chez un autre, il lui dit : "Mon maître t’invite."
L'autre lui dit : "Mon ami va se marier, et c’est moi qui vais faire un dîner. Je ne pourrai venir, je m’excuse pour le dîner."
Il alla chez un autre, il lui dit : "Mon maître t’invite."
L'autre lui dit : "J’ai acheté un domaine (2), je vais y percevoir le fermage. Je ne pourrai venir, je m’excuse."
Le serviteur revint et dit à son maître : "Ceux que tu as invités au repas se sont excusés."
Le maître dit à son serviteur : "Va au-dehors sur les chemins ; ceux que tu trouveras, amène-les pour qu’ils dînent. Les acheteurs et les marchands n’entreront pas dans les lieux de mon Père." »
(1) repas ou dîner
(2) un domaine ou une ferme
Concordances :
« Le Royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces. Mais ils ne voulaient pas y aller.
Il envoya encore d’autres serviteurs en disant : "Dites aux invités : Voici, mon banquet est prêt, mes taureaux et mes bêtes grasses sont sacrifiés, tout est prêt, venez aux noces !"
Ceux-ci restant indifférents s'éloignèrent, l'un vers son champ, l'autre vers son commerce. Ceux qui restaient se saisirent des serviteurs, les injurièrent et les tuèrent.
Le roi fut irrité. Il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers, et incendia leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : "La noce est prête, mais les invités n’en étaient pas dignes. Rendez-vous donc aux débouchés des chemins, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez."
Les serviteurs sortirent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais comme bons, et la salle de noce fut pleine de convives.
Le roi entra pour voir les convives, et il vit là un homme qui n’avait pas revêtu un vêtement de noce. Il lui dit : "Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un vêtement de noce ?" Celui-ci resta muet.
Alors le roi dit aux serviteurs : "Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dehors, dans les ténèbres, où il y aura pleur et grincement de dents."
En effet, beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »
(Matthieu 22.2-14)
« Un homme prépara un grand dîner et invita beaucoup de monde. Il envoya son esclave dire aux invités, à l'heure du dîner : "Venez, car c'est déjà prêt !"
Et tous, unanimes, se mirent à s'excuser. Le premier lui dit : "J'ai acheté un champ et je dois aller le voir. Excuse-moi, je t'en prie."
Un autre dit : "J'ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les examiner. Excuse-moi, je t'en prie."
Un autre dit : "J'ai épousé une femme et je ne peux venir pour cela."
A son retour, l'esclave rapporta tout cela à son maître. Alors, le maître de maison se mit en colère et dit à son esclave : "Va en vitesse par les places et les rues de la ville et fais venir ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux."
L'esclave dit ensuite : "Maître, ce que tu as ordonné est exécuté, mais il y a encore de la place."
Alors le maître dit à l'esclave : "Passe par les chemins et les clôtures. Oblige les gens à venir afin que ma maison soit remplie."
Car je vous le dis : "Aucun de ceux qui furent invités ne partagera mon dîner." »
(Luc 14.16-24)
Continuité des logia :
Cette parabole s'achève en ces termes dans l'Evangile selon Thomas :
« Les acheteurs et les marchands n’entreront pas dans les lieux de mon Père. »
Les lieux du Père, c'est le Royaume, précédemment évoqué aux logion 27 et logion 57.
Les Evangiles nous le disent, nous le répètent, l'accès au Royaume des cieux suppose certaines contraintes et conditions.
Nous voyons ici que l'une des conditions à prendre en compte, c'est d'y être invité.
L'invitation
Ils sont nombreux ceux qui ont reçu l'invitation.
Selon Thomas : un marchand, le propriétaire d'une maison ou d'un domaine, l'ami d'un marié.
Selon Matthieu : ceux qui sont invités finissent par massacrer les envoyés du roi.
Selon Luc : un cultivateur, un agriculteur, un jeune marié.
Tous ont en commun de refuser l'invitation sous quelques prétextes, et leurs différences sont à l'image de ceux auquels Jésus fut confronté et qui L'ont rejeté.
Thomas et Luc nous disent que c'est un homme qui lance l'invitation, Matthieu nous parle d'un roi, et nous devinons facilement que cette invitation émane du Seigneur en personne.
Le rejet
Nous sommes libres d'accepter ou non une invitation.
Ce n'est pas grave, d'autres occuperont les places libres.
Cependant, la parabole du repas de noces est une illustration du rejet d'Israël envers Jésus.
Thomas nous les décrit comme des acheteurs et des marchands, des riches qui n'ont pas de temps à perdre à partager ce repas.
Et Luc apporte cette précision concernant les nouveaux invités :
« Va en vitesse par les places et les rues de la ville et fais venir ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. » (Luc 14.21)
Il invite les affamés. Jésus nous dit ceci par ailleurs :
« Heureux les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous. » (Luc 6.20)
Heureux, donc, les peuples du monde qui ont hérité de l'invitation du Seigneur du fait de la défaillance des premiers invités.
Les noces de l'Agneau
Ce n'est pas grave de refuser une invitation, mais il faut y réfléchir à deux fois quand il s'agit des noces du Roi des rois.
Pour souligner l'importance de ce repas, Matthieu évoque la présence d'un homme qui n'aurait pas revêtu un vêtement de noce.
Luc ne s'attarde pas sur ce genre de considérations car, de toute évidence, « les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux » seront revêtus de haillons.
Mais on peut être mal habillé et pourtant être revêtu d'un vêtement de noce que le Seigneur est seul à pouvoir discerner.
Nous lisons ceci dans le Livre de l'Apocalypse au sujet de ce repas de noces :
« Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse, rendons-Lui gloire, car voici la noce de l’Agneau, et Son épouse s’est préparée.
Et il lui a été donné d'être revêtue d’un lin fin, éclatant et pur. Car le lin fin, ce sont les œuvres justes des saints. »
(Apocalypse 19.7-8)
Effectivement, le vêtement de noce est invisible car ce sont nos œuvres justes qui nous couvrent spirituellement.
Maintenant, sommes-nous invités ? Qu'allons-nous répondre à cette invitation ? La balle est dans notre camp...
« En effet, beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. » (Matthieu 22.14)
